Mini-éolienne artisanal à Caño Dulce: un modèle d’autoproduction

En me dirigeant vers les plages de Caño Dulce (Atlantique, Colombie), j’ai rencontré quelque chose d’inattendu: un kiosque au milieu de nulle part qui vendait des boissons fraîches. En m’approchant, j’ai remarqué que les propriétaires regardaient la télévision, ce qui était surprenant dans une zone dépourvue de poteaux électriques à proximité. Intrigué, j’ai demandé quelle était la source d’énergie. Un homme au visage accueillant m’a invité à le suivre et, derrière sa maison, il m’a montré son invention: un générateur éolien artisanal [1].

Mini-éolienne artisanale Caño Dulce (photo Javier Trespalacios)

Le système se composait du moteur d’un ventilateur recyclé, de trois pales fabriquées en plastique rigide et en gutta-percha, et d’un mât en bois de 6 mètres, assemblé à partir de pièces unies et enterré dans le sol. Plusieurs cordages de fixation garantissaient la stabilité de la structure, tandis qu’un câble électrique transportait l’énergie générée vers une batterie située dans la maison, laquelle alimentait une ampoule, un réfrigérateur, une télévision et un chargeur de téléphone. Propulsé par les « vents » constants de la mer des Caraïbes, le prototype a démontré que, même si les solutions techniques modestes n’éliminent pas tous les problèmes d’une communauté dépourvue d’accès à l’électricité, elles contribuent néanmoins à améliorer sa qualité de vie et à réduire le fossé énergétique dans les communautés reculées.

Contexte énergétique en Colombie (2012)

La Colombie est confrontée à d’importants défis dans son mix énergétique, avec une dépendance de 70 % aux centrales hydroélectriques (selon l’UPME) et une demande croissante dans les zones non interconnectées (ZNI). Bien que le pays dispose d’un potentiel éolien estimé à 21 GW (Atlas Éolien de l’IDEAM, 2013), moins de 0,1 % est exploité. Le manque de politiques en faveur de la mise en œuvre des énergies renouvelables à petite échelle a limité le développement de projets comme celui de Caño Dulce, qui dépendent d’initiatives communautaires ou universitaires (UPME, Plan d’Expansion Énergétique 2010-2025).

Transformer un moteur de ventilateur en générateur éolien

Construire une mini-éolienne artisanale fonctionnelle est possible en utilisant un moteur de ventilateur recyclé [2]. En inversant son fonctionnement, au lieu de consommer de l’électricité pour tourner, les pales (en plastique rigide, en PVC ou en bouteilles recyclées) sont mises en mouvement par le vent, générant ainsi un courant dans le moteur. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter la vidéo suivante:

Comment fabriquer une mini-éolienne artisanale (https://www.youtube.com/watch?v=ua8cjCJ1Y70&feature=youtu.be)

Conclusion: un héritage significatif

Des années plus tard, je suis retourné sur place et j’ai constaté que le réseau électrique était finalement arrivé. Sous prétexte d’acheter un soda, j’ai cherché à en savoir plus sur l’ingénieur créateur de la mini-éolienne artisanale qui m’avait émerveillé. La réponse fut triste: la mini-éolienne n’existait plus, et l’homme était décédé. Cependant, cette initiative a éveillé en moi un profond amour pour l’énergie éolienne et la conviction que des solutions locales et simples, bien qu’elles ne résolvent pas à 100 % les problèmes énergétiques dans les zones isolées, peuvent améliorer considérablement la qualité de vie d’une personne ou d’une communauté.

« Cette turbine, éphémère comme le vent qui la faisait bouger, m’a appris que l’innovation n’a pas besoin d’être grandiose pour être significative »… JT

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Notes

[1] Une mini-éolienne, micro-aérogénérateur ou générateur éolien est un système de production électrique à petite échelle qui exploite l’énergie du vent. Contrairement aux grands parcs éoliens, les mini-éoliennes sont conçues pour l’autoconsommation dans les foyers, les petits commerces ou les communautés rurales.

[2] Pour convertir un moteur de ventilateur classique (utilisant le courant alternatif, AC) en générateur éolien, il faut réaliser deux modifications techniques: 1. ajouter des aimants permanents au rotor, car ces moteurs n’en sont pas équipés et ces aimants sont essentiels pour générer de l’électricité lors de la rotation; et 2. installer un circuit redresseur qui transforme le courant alternatif (AC) produit en courant continu (DC), nécessaire pour stocker l’énergie dans des batteries.

Références bibliographiques

IDEAM (2013). Atlas de Vent et d’Énergie Éolienne de Colombie. https://www1.upme.gov.co/AtlasViento/Atlas.html

UPME (2012). Plan d’Expansion Énergétique 2010-2025. https://www1.upme.gov.co

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Javier Trespalacios - JT

Orbe, Suisse

Janvier2014

Mini-éolienne artisanal à Caño Dulce: un modèle d’autoproduction