La guerre, les réfugiés, le développement durable et nous
- Javier Trespalacios
- 19 juin 2022
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 mars
L'Organisation des Nations Unies (ONU) a été créée en 1945 après les atrocités laissées par la Seconde Guerre mondiale, avec l'engagement de maintenir la paix et la sécurité mondiales, de favoriser des relations amicales entre les nations et de collaborer pour améliorer la vie des plus défavorisés, en plus de servir de centre pour atteindre des objectifs communs.
Guernica of Pablo Picasso [1], entry CSNU (Vides, s.d.)
Au sein de l'ONU, le Conseil de sécurité (CSNU) est l'organe chargé de maintenir la paix et la sécurité internationales. Ce conseil est composé de 15 membres : 5 permanents avec droit de veto (France, Royaume-Uni, États-Unis, Chine et Russie) et 10 membres non permanents, dont le mandat est de deux ans. La présidence tourne chaque mois. La première session du CSNU a eu lieu en 1946.
La Guerre
Elle est définie comme "l’affrontement organisé de groupes humains armés, ayant pour but de contrôler des ressources naturelles, d’imposer des inégalités, pour des raisons religieuses ou culturelles, de maintenir ou modifier les relations de pouvoir, de résoudre des conflits économiques ou territoriaux, ou encore de faire face aux effets néfastes du changement climatique" (Galban, 2007).
Les guerres sont régies par le Droit International Humanitaire (DIH), étroitement lié au droit de la guerre ou droit des conflits armés. Le DIH établit des normes légales visant à atténuer les effets des conflits, à protéger les personnes ne participant pas aux hostilités —comme les blessés et les populations civiles— et à limiter l’usage de certaines méthodes et armes. Dans ce cadre, le droit de la guerre se concentre sur les règles applicables pendant les affrontements, réglementant la conduite des parties en conflit. Ces normes s’appuient sur les Conventions de Genève et le droit international coutumier, qui établissent des principes essentiels pour garantir la protection humanitaire en temps de guerre (Fundación Ayuda en Acción, 2020).
Conventions de Genève: Elles sont apparues en 1862 à Genève, en Suisse, lorsque Henri Dunant, fondateur du Comité International de la Croix-Rouge, publia "Un souvenir de Solferino", un récit des horreurs de la guerre. Ces conventions, ratifiées par presque tous les pays, ont été mises à jour à plusieurs reprises, la dernière en 2005. Leur objectif fondamental est de protéger ceux qui ne participent pas directement aux conflits, y compris les militaires blessés.
Droit international coutumier: Il est composé de normes fondées sur une pratique généralement acceptée comme droit et complète les règles du droit conventionnel. Son importance croît dans les conflits contemporains, en comblant les lacunes du droit conventionnel et en renforçant la protection des victimes (Comité international de la Croix-Rouge, 2010).
Les violations graves du DIH, telles que les attaques délibérées contre les civils, l’utilisation d’armes interdites ou la destruction de biens essentiels, sont considérées comme des crimes de guerre [2](Comité international de la Croix-Rouge, 2016). Avec la torture [3], le génocide [4] et les crimes contre l’humanité [5], elles constituent les infractions les plus graves du Droit Pénal International (DPI), qui impose aux États l’obligation d’enquêter et de poursuivre les responsables afin d’assurer la reddition de comptes et d’éviter l’impunité (Statut de Rome, 1998). En tant que mécanisme complémentaire aux juridictions nationales, la Cour Pénale Internationale (CPI) —siégeant à La Haye (Pays-Bas)— a été créée en 2002 par le Statut de Rome afin de juger les individus accusés de ces crimes. Elle intervient uniquement lorsque les États ne peuvent ou ne veulent pas agir. Une décision marquante fut son premier verdict en 2012 contre Thomas Lubanga, chef d’un groupe armé en République Démocratique du Congo, condamné pour l’enrôlement forcé d’enfants soldats (Amnesty International, 2013).
Les réfugiés
Les guerres varient en ampleur, en étapes et en formes d’exécution, mais ce qui ne change pas, c’est leur impact sur la population civile, qui souvent fuit à la recherche d’un refuge pour sauver sa vie et celle de ses proches.
Le déplacement forcé pendant la guerre crée une fracture dans la vie des réfugiés, qui perdent leurs foyers, leurs moyens de subsistance et leurs projets de vie. Beaucoup souffrent de troubles tels que (Oxfam Intermón):
L'anxiété: due au fait qu’ils vivent longtemps le moment de la fuite et le risque qu’ils ont ressenti, les empêchant de penser calmement et sereinement.
Dépression: causée par les pertes matérielles et humaines, la fin de leurs projets de vie, affectant leur moral et leur envie de continuer.
Insécurité et méfiance: ils agissent avec méfiance envers tout ce qui les entoure, la guerre les habitue à avoir peur, ce qui constitue le principal obstacle à la reconstruction de leur vie.
Le déracinement: vivre loin de leur lieu d’origine est une douleur qui dure de nombreuses années, et lorsque cela est dû à une guerre, la douleur d’avoir été forcé de le faire s’intensifie.
Il est important de distinguer entre réfugié et migrant : selon l’ONU, un réfugié est une personne qui fuit son pays par crainte de persécution, de conflit ou de violence généralisée, tandis qu’un migrant est une personne qui se déplace pendant plus d’un an, quelle qu’en soit la raison (Nations Unies, Réfugiés et Migrants).
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) est chargé de protéger les réfugiés, en anglais UNHCR (United Nations High Commissioner for Refugees), avec son siège à Genève (Suisse), commençant ses activités en 1951. Sa mission est que « toutes les personnes aient le droit de chercher asile et de trouver un refuge sûr dans un autre État, avec la possibilité de retourner éventuellement chez elles, de s’intégrer ou de se réinstaller ». Cela permet de satisfaire des besoins fondamentaux tels que l’accès à un logement adéquat, à la nourriture, à l’eau potable, et à d’autres droits inhérents qui devraient être garantis dans les pays d’origine, mais qui sont limités par divers problèmes ou conflits comme la guerre et la violence (Edwards, 2016).
Selon le HCR, depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, 4,5 millions de personnes ont fui l’Ukraine, principalement des femmes et des enfants (HCR, 2022 ; SWI swissinfo.ch, 2022).
L'agenda 2030 pour le développement durable
L’Agenda 2030, qui promeut 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), a pour principe central de "ne laisser personne de côté", reconnaissant la dignité humaine en toute circonstance. L’ONU souligne qu’il ne peut y avoir de "développement sans paix ni paix sans développement", ce qui est essentiel pour atteindre les ODD.
Suforall - SDG 16, ODD 16, ODS 16: Peace, justice and strong institutions
Parmi les ODD, certains ciblent spécifiquement les guerres et les réfugiés:
ODD 8 - Travail décent et croissance économique, cible 8.7 Esclavage, traite et travail des enfants : notamment interdire et éliminer le recrutement d'enfants soldats.
ODD 10 - Réduire les inégalités, cible 10.7 Migrations et politiques migratoires: faciliter les migrations et la mobilité des personnes de manière ordonnée, sûre, régulière et responsable, notamment par la mise en œuvre de politiques migratoires bien planifiées et bien gérées.
ODD 16 - Paix, justice et institutions fortes, cible 16.3 État de droit et accès à la justice: Promouvoir l'état de droit aux niveaux national et international et assurer l'égalité d'accès à la justice pour tous.
Les guerres et les ODD - cibles 8.7, 10.7 et 16.3
Nous
Les guerres ont des effets dévastateurs sur les personnes, les communautés, les économies et l’environnement. Elles ne détruisent pas seulement les infrastructures physiques, mais affectent également la vie sociale et la résilience psychologique, c’est-à-dire la capacité à surmonter la douleur émotionnelle et les traumatismes.
Face à de telles atrocités, la solidarité est essentielle : "c'est la valeur qui caractérise la collaboration entre les individus, qui permet de surmonter de terribles catastrophes, telles que les guerres, les pandémies, et autres".
Que pouvons-nous faire ?
Soutenir les organisations humanitaires : Contribuez par des dons, du bénévolat ou des campagnes pour aider les victimes de conflits et les réfugiés.
Élever la voix et éduquer : Diffusez des informations vérifiées sur les effets de la guerre, participez à des campagnes de sensibilisation et promouvez l’éducation pour la paix dans votre environnement.
Accueillir et soutenir les réfugiés : Participez à des programmes pour aider les réfugiés, que ce soit en offrant un logement temporaire, un soutien émotionnel ou en les intégrant dans la communauté.
Promouvoir la consommation responsable : Évitez les produits qui financent les conflits et soutenez les initiatives durables qui réduisent les impacts environnementaux des guerres.
Participer à des campagnes de plaidoyer : Signez des pétitions, contactez vos représentants politiques et rejoignez des mouvements qui promeuvent la paix et protègent les droits humains.
Organiser des événements solidaires : Créez des activités communautaires comme des concerts, des ateliers ou des collectes de fonds pour aider les victimes de conflits.
Favoriser le dialogue interculturel et la paix au quotidien : Construisez des ponts entre les cultures, promouvez le respect, l’empathie et la résolution pacifique des conflits dans votre vie quotidienne.
Tu peux faire plus…
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[1] Guernica - Pablo Picasso, Nations unies: il s'agit de la reproduction, approuvée par l'artiste, d'une tapisserie reproduisant l'œuvre que l'artiste Pablo Picasso a créée en 1937, inspiré par la nouvelle du bombardement allemand de la ville de Guernica au Pays basque (Espagne). L'œuvre exprime la défense contre la barbarie et la terreur de la guerre. L'œuvre se trouve à l'entrée du Conseil de sécurité des Nations unies. [2] Crimes de guerre: crimes qui violent les règles de la guerre, telles que définies dans le DIH et la CPI, par exemple les attaques contre la population civile, le meurtre, la torture ou les mauvais traitements de tous les acteurs et non-acteurs, y compris les prisonniers de guerre (Amnistía Internacional, s.d.). [3] Torture: c'est la destruction intentionnelle d'un être humain par un autre. Les méthodes utilisées pour infliger de grandes douleurs et souffrances varient, mais toutes ont le même objectif : briser la victime, la détruire en tant que personne et nier son humanité (World Organisation Against Torture, s.d.). [4] Génocide: actes commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux (Amnistía Internacional, s.d.). [5] Crimes contre l'humanité: crimes commis dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique dirigée contre la population civile dans le cadre d'une politique d'État ou d'organisation en temps de paix ou de guerre ; il s'agit notamment de disparitions forcées, de meurtres, de réduction en esclavage et de déportation ou de transfert forcé de population (Amnistía Internacional, s.d.).
Références bibliographiques
ACNUR. (10/04/2022). Urgence en Ukraine. Récupéré de https://www.acnur.org/emergencia-en-ucrania.html
Amnistie Internationale. (s.d.). Conflit armé. Récupéré de https://www.amnesty.org/es/what-we-do/armed-conflict/
Assemblée générale des Nations Unies. (21/10/2015). Transformer notre monde : l’Agenda 2030 pour le développement durable. Récupéré de https://unctad.org/system/files/official-document/ares70d1_es.pdf
Comité international de la Croix-Rouge. (29/10/2010). Droit international humanitaire coutumier. Récupéré de https://www.icrc.org/es/doc/war-and-law/treaties-customary-law/customary-law/overview-customary-law.htm
Fondation Ayuda en Acción. (08/01/2020). Guerres et conflits armés en cours en 2020. Récupéré de https://ayudaenaccion.org/blog/ayuda-humanitaria/conflictos-belicos-vigentes-2020/#:~:text=Son%20muchas%20las%20causas%20que,efectos%20adversos%20del%20cambio%20clim%C3%A1tico
Galbán, L. Y. (2007). La guerre comme catastrophe. Ses conséquences psychologiques. Récupéré de SciELO - Scientific Electronic Library Online : http://scielo.sld.cu/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S1727-81202007000300005#:~:text=En%20lo%20social%20la%20guerra,autoestima%2C%20de%20los%20atributos%20humanos
Nations Unies, Réfugiés et Migrants. (s.d.). Définitions. Récupéré de https://refugeesmigrants.un.org/es/definitions
Oxfam Intermón. (s.d.). Conséquences de la guerre sur la vie des réfugiés. Récupéré de https://blog.oxfamintermon.org/consecuencias-de-la-guerra-en-la-vida-de-los-refugiados-y-refugiadas/
SWI swissinfo.ch. (15/03/2022). OIM : La guerre en Ukraine a provoqué le départ de 3 millions de réfugiés. Récupéré de Swissinfo : https://www.swissinfo.ch/spa/ucrania-guerra_oim--la-guerra-en-ucrania-ha-provocado-la-salida-de-3-millones-de-refugiados/47433598
Vides, S. (s.d.). https://twitter.com/silvia_vides
Organisation mondiale contre la torture. (s.d.). Qu'est-ce que la torture ? Récupéré de https://www.omct.org/es/quienes-somos/que-es-la-tortura

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